Citations en libertés publiques
Le discours sécuritaire renverse les perspectives sur la sûreté. Il contamine le droit commun par l’exception. L’exception schmitienne comme réaction et solution à la crise libérale est d’actualité (C. Schmitt, La dictature, 1921 : dérogation au droit ordinaire pour faire face à la crise dans la République de Weymar).
E.-P. Guittet, Les maux de l’urgence et de l’exception, 2018
Dans quelle mesure sommes-nous responsables de nos actes ? Peut-on s’émanciper de notre destin ? Épicure : l’ordre n’est pas aussi strict car il est soumis à une « déviation » laissant aux humains une marge de manœuvre.
O. D’Jeranian, Sommes-nous libres si tout est déterminé ?, Revue Sciences Humaines, Août-Septembre 2021
En matière religieuse, il y a trois grands stades de l’humanité :
- La magie : peuples les plus archaïques, croyances uniquement magiques, explication des phénomènes par le surnaturel.
- La religion : la magie ne peut pas tout expliquer, leur pratique magique n’a pas d’effet. L’homme explique par des forces plus grandes que lui les être surnaturels.
- La science : les phénomènes naturels sont gouvernés par des phénomènes scientifiques, remplacement de la religion par la science.
J. G. Frazer, Le rameau d’or, 1890
"Transfuges de classes : le fardeau des méritants." Le franchissement des frontières sociales est un mérite souvent cher payé. L’individu vit de la violence symbolique en raison de son statut "tantôt signe distinctif, tantôt stigmate", l’individu a l’impression de "trimballer ses origines comme des ombres", il alterne des gestuelles et comportements pour tantôt aller de l’avant, tantôt se mettre en retrait, à parler sans détour, à se censurer.
R.-M. Lagrave, Se ressaisir, 2021
Toutes les lois votées ces dernières années sont potentiellement liberticides. Sommes-nous en train de basculer dans une société post-démocratique ? Où le gouvernement est dirigé par les médias et l’opinion de rue. Où le gouvernement fait peur pour agir vite. Il existe un risque de rupture de l’équilibre des pouvoirs dans les gouvernements libéraux, fonctionnant de manière représentative.
F. Sureau, Sans la liberté, 2019
La dignité est un principe métajuridique, une source de droit sans invocation et non un concept de droit positif. Il y a en effet un risque de banalisation, d’usage abusif en tant que droit subjectif ou au nom de l’ordre public. Il y a aussi un risque de relativisation où la jurisprudence le concilie avec les droits et libertés fondamentaux en tant que droit de troisième génération.
Finalement, le risque est celui d’une confusion de deux dimensions : l’ordre du fait/être (l’atteinte individuelle à la dignité existe) et l’ordre du droit/devoir être (la dignité a une valeur infinie, elle appartient à l’être humain).
M. Fabre-Magnan, Le statut juridique du principe de dignité, 2013
Le service de l’éducation doit être fourni. Les écoles ne doivent pas être séparées sur la base de ségrégation raciale, laquelle privait les enfants de l’égalité des chances. C’est une question de vivre ensemble et de faire face aux effets durables, psychologiques et politiques de la discrimination et de la génération d’un sentiment d’infériorité. Tout le monde doit pouvoir avoir sa place de son choix.
Cour suprême des États-Unis, Brown v. Board of Education of Topeka, 1954
Le concept de fake news embrasse mal la réalité de nos rapports à l’information et à la connaissance. Le concept est simplificateur et utile à de nombreuses parties à cet espace public. Les médias ont donc une nouvelle mission préoccupante : s’occuper des seulement des faits, produire la vérité alors qu’elle n’est pas au cœur de nos échanges sociaux.
N. Vanbremeersch, De quoi les fake news sont-elle le nom ?, 2018
Dans une dystopie, Orwell imagine une figure, Big Brother, censée métaphoriquement représenter les dérives d’un État policier et totalitaire. La puissance de Big Brother résidait dans le fait qu’il avait un œil dans chaque maison. Avec le slogan « Big Brother is watching you», le régime montre que la surveillance a de fait le pouvoir insidieux de mener à l’autocensure. Dès lors qu’ils se savaient surveillés, ils devaient dissimuler leurs actions et pensées, voire même ne plus agir ni penser.
G. Orwell, 1984, 1949
Il est faux de croire que la production d’une opinion est à la portée de tous. Cela demande de la compétence politique, de comprendre la question. Toutes les opinions ne se valent pas. Des voix peuvent avoir des significations différentes et ne peuvent être alors additionnées. L’idée d’un accord sur les questions qui méritent d’être posées est douteuse.
L’opinion publique doit être travaillée, exprimée, entendue dans des procédures démocratiques, avec un projet d’éducation populaire pour élever le niveau de conscience de tout à chacun et éviter la démocratie sondagiaire.
P. Bourdieu, L’opinion publique n’existe pas, 1971
"Nous devrions en principe tout savoir de ce qu’ils font. C’est pour cela qu’on les appelle agents publics. Et ils devraient en principe ne rien savoir de ce que nous faisons, raison pour laquelle on nous appelle personnes privées."
G. Greenwald, Contexte des révélations par Edward Snowden des programmes de surveillance de masse américain et britannique, 2013
Les publics sont les récepteurs d’information qui, souvent de manière captive, se constituent par imitation des opinions diffusées par des émetteurs. Les élites considèrent l’opinion dangereuse. Ils craignent l’ochlocratie, forme dégradée de la démocratie et tyrannie de la majorité.
Tarde plaide en faveur d’un contrôle de l’opinion publique, passant par une maitrise des médias comme relais d’opinion capables de s’opposer aux volontés populaires et à l’irruption des foules sur la scène publique. Il faut une pluralité d’émetteurs pour neutraliser les messages pour de puissants désordres.
G. Tarde, L’opinion et la foule, 1901
Les relations publiques sont une science de l’opinion. Il y a un enjeu à ce que le pluralisme permette d’ausculter les basculements violents d’opinion.
Le principe représentatif est un moyen d’élection contre la démocratie directe car le peuple est potentiellement dangereux.
E. Bernays, Propaganda, 1928
La banalité sécuritaire est née de la rencontre entre des peurs sans cesse relancées par le néolibéralisme et une demande de protection qui, faute de mieux, continuent de s’adresser aux États. La sécurité à outrance témoigne de la défaillance de l’État dans le domaine social, lequel devient État libéral autoritaire, aussi nommé État de vigilance.
M. Foessel, État de vigilance, critiquer de la banalité sécuritaire, 2010
Les états d’urgence ont leurs logiques propres qui rendent caduques de vouloir les placer du côté de l’État de droit ou de l’État d’exception. Par un effet cliquet, l’ancien équilibre des pouvoirs est transformé en un nouveau rapport de forces où l’exécutif s’impose comme lieu par l’excellence de la décision dans des cas de menace imminente et de prévention des risques.
D. Bigo et L. Bonelli – Le Monde diplomatique, Ni État de droit, ni État d’exception. L’état d’urgence comme dispositif spécifique ?, 2018
"Il doit être accordé à chacun de dire ce qu’il veut et de dire ce qu’il pense." L’esprit des hommes doit être égal.
B. Spinoza, Traité théologico-politique, 1670
"L’excès de liberté ne peut aboutir à autre chose qu’un excès de servitude et dans l’individu et dans l’État."
Platon, La République
"Entre le droit à la vie d’une personne et le droit à la vie d’une entreprise, le choix est facile. Nous portons atteinte aux différentes libertés. Le choix fondamental est de choisir le droit à la vie." (Jean-Marie Delarue)
"Entre sécurité et liberté, le peuple choisirait toujours la sécurité." (Hamilton au Président Jefferson)
"Quand c'est flou, c'est qu'il y a le loup." (Martine Aubry)
J.-M. Delarue, “Libertés publiques face aux défis sanitaires, terroristes et sociaux”, Podcast, 2020
"L'État d'exception n'a rien d'exceptionnel, il est temporaire car justifié par l'urgence et ne permet pas de basculer dans un régime vers l'autoritarisme."
M. Troper
"Quand « l’esprit des lois » est soumis à la pression de l’urgence et de l’exception, la figure du despote n’est jamais loin et les libertés perdent au change."
A. Garapon et M. Rosenfeld, Démocraties sous stress, 2016
"Le système français n’est pas seulement le produit de la tradition juridique républicaine. En vérité, il est bien davantage le fruit hybride de la confrontation qui, au début du XIXe siècle, opposa cette tradition à celle, radicalement antagoniste, de l’autoritarisme répressif."
V. Sizaire, Le monde diplomatique, Des sans-culottes aux "gilets jaunes", Histoire d’une surenchère répressive, 2019
"Au commencement était la peur."
C. Robin, La peur, histoire d’une idée politique, 2004
"Le populisme s’affirme comme un projet de régénération d’une démocratie jugée atrophiée, confisquée et dévoyée."
P. Rosanvallon, Notre histoire intellectuelle et politique, 2018
"Démocratie antilibérale ou démocratie sans liberté ?"
"Libéralisme antidémocratique, ou les libertés sans démocratie."
Y. Mounk, Le peuple contre la démocratie, 2018
"Cessons de vilipender les marchands de faux pour nous penser tous comme acteurs, médias, producteurs d’information, et pour envisager sérieusement les sujets de l’éducation et des savoirs portés sur ce réseau."
N. Vanbremeersch, De quoi les fake news sont-elles le nom ?, 2018
À propos de la liberté : "pouvoir d’autodétermination en vertu duquel l’homme choisit son comportement personnel".
"L’obligation imposée aux particuliers de respecter leur liberté réciproque suppose nécessairement l’intervention de l’État, qui l’impose par sa législation et la sanctionne par ses juridictions. Toutes les libertés, qu’elles intéressent directement les relations des particuliers entre eux ou avec le pouvoir, sont des libertés publiques en ce qu’elles n’entrent dans le droit positif que lorsque l’État en a consacré le principe, aménagé l’exercice, et assuré le respect."
J. Rivero
"Il y a encore tant de choses à faire quand il n’y a plus rien à faire."
C. Saunders
"La dignité et la liberté de l'homme sont l'essence même de la Convention."
CEDH, 2002, Pretty c. Royaume-Uni
"Il est essentiel en prenant en compte la diversité de notre pays de réduire les inégalités entre les individus afin de restaurer cette fraternité et de recréer le sentiment de semblable."
A. Bidar, Plaidoyer pour la fraternité, 2015
La diversité est vue dans la Bible comme une punition divine empêchant la communication et la conception d’un projet commun car les Hommes ne se comprennent plus.
Genèse 11 : 1-9, Tour de Babel
"La conciliation entre la diversité et les autres valeurs de la République est primordiale mais n’est pas une fin en soi : un juste équilibre permettant le vivre ensemble doit être trouvé."
A. Tourraine, Pourrions-nous vivre ensemble ?, 1997
"À force d’imposer aux hommes la tyrannie, il leur apprenait la liberté." Toute aspiration à la liberté montre qu’à un moment donné des règles de droit soient redéfinies.
A. Camus, Caligula, Pièce de théâtre, 1944
"Il faut éviter de tomber dans une société de contrôle où l’individu devenu “dividu” n’est plus qu’un chiffre parmi d’autres et n’a donc plus cette essence propre à l’être humain, sa raison d’être, son conatus, sa volonté que de vivre sa vie selon ses choix puisqu’il est surveillé, contrôlé, encadré par différentes institutions."
G. Deleuze, Post-scriptum sur les sociétés de contrôle, 1990.
"Puisque l’homme ne possède la qualité d’homme que s’il est libre et indépendant de la volonté d’autrui, la liberté de chaque individu ne peut être légitimement limitée que par les obligations et les règles nécessaires pour assurer à tous la même liberté."
Macpherson, Théorie politique de l’individualisme possessif, 1971
Après mai 68, il y a eu une pacification du maintien de l’ordre puis un contexte de tensions sociales accrues, de violences urbaines, de terrorisme. Le maintien de l’ordre à l’occasion des manifestations s’est alors militarisé et finalement brutalisé. Or, les nouvelles "politiques du désordre" mettent au défi notre démocratie. Il existe un risque d’étouffer l’expression démocratique. Exemple : la pratique de l’encerclement du schéma national de l’ordre a été annulé par le Conseil d’état le 10 juin 2021.
O. Filieule et F. Jobard, Politiques du désordre. La police des manifestations en France, 2020
La revendication d’intérêts particuliers est une source légitime que l’État doit prendre en compte. La reconnaissance des identités qui s’expriment dans l’espace public est un moteur de l’histoire. Sinon cette expression, sans l’État, conduit au chaos. Elle permet donc de créer une raison d’État qui transcende les particularités.
Habermas, Espace public, 1962
L’enseignement laïque doit permettre l’émancipation de la raison contre la foi, le développement de l’esprit critique contre le jugement d’autorité et le développement de la science contre la superstition. Toute présence de la religion doit être bannie de l’école.
F. Buisson, Le dictionnaire de pédagogie et d’instruction primaire, 1880
L’idée fonctionnaliste de la religion indique que son existence dans les sociétés sans État, sans appareil coercitif, résulterait du fait qu’elle ait une fonction particulière : contenir la violence. Des sociétés usent du rite sacrificiel d’un animal/humain pour apaiser les violences et empêcher les conflits d’éclater au sein d’une communauté. La violence est alors retournée contre une victime de substitution. Elle est canalisée dans la bonne direction, vers un bouc émissaire qui apparaît comme responsable de la crise et sla solution pour retrouver la paix. La victime devient sacrée, c’est la genèse du religieux, l’exutoire violent sacralisé.
R. Girard, La violence et le sacré, 1972
La Constitution indienne, depuis 1976, indique que la République est laïque, il n’est pas fait de distinction entre les individus selon leurs croyances. Donc, en apparence, il existe une politique d’égalité et de non-discrimination. Or, depuis 2014 avec l’arrivée des nationalistes au pouvoir, les piliers de la démocratie s’effondrent, le respect des droits de l’homme et les libertés fondamentales ne sont plus garantis.
S. Landrin - Le Monde, La démocratie indienne à la dérive, 2020
La religion est "une loi fondamentale de la nature humaine, une disposition inhérente à l’homme". L’homme est donc naturellement habité d’un sentiment religieux.
B. Constant, De la religion considérée dans sa source, ses formes et ses développements, 1824
"Cette indifférence entre les sexes ne doit pas mener à l’indifférence au sexe". Vouloir corriger l’inégalité de traitement entre les sexes ne doit pas aboutir à effacer cette différence.
M. Schneider, La confusion des sexes, 2007
"Une société multiconfessionnelle vaut mieux qu’un massacre déshonorant." Les guerres de religion n’ont pas de sens en ce qu’elles sont le fondement même de ce que rejette les religions. La religion garde un certain pouvoir de régulation des comportements individuels et n’est pas forcément un danger pour le lien social, facteur de violences.
Montaigne, Essais, 1580
Le retour du religieux procure un équilibre, une thérapie visant au bien-être. La religion est une source d’apaisement des craintes individuelles (fonctionnalisme : la religion est source de réponses aux questions fondamentales). La religion n’est plus un fait social, collectif mais un parcours individuel visant à un meilleur mode de vie.
J. Lacan et J.-A. Miller, Des religions et du réel, 2015
"L’acte de procréation est l’acte de liberté par excellence. La liberté entre toutes les libertés, la plus fondamentale, la plus intime de nos libertés. Et personne n’a jamais pu obliger une femme à donner la vie quand elle a décidé de ne pas le faire. (...) Est-ce qu’un être humain, quel que soit son sexe, a le droit de disposer de lui-même ?"
Plaidoirie de Gisèle Halimi au procès de Bobigny, 1972
La notion de vie privée a des origines anciennes remontant à la Grèce antique. Aristote différencie deux domaines de la vie d’un citoyen : la vie insérée ou imbriquée dans la sphère publique (polis) face à la vie domestique ou familiale (oikos). Selon sa conception, la vie publique est complètement opposée à la vie privée.
J. Decew, In poursuit of Privacy, 1997